L’apnée dynamique
Conseils, matériel, technique, nage et entrainement pour l’apnée dynamique.
L’apnée dynamique implique de parcourir la plus grande distance possible sur une inspiration. Avec ou sans palmes, c’est la discipline qui permet de développer autant les bonnes techniques de propulsion, que la tolérance à l’effort sous l’effet du CO2. Une discipline reine, et un passage obligé pour tous les apnéistes.
L’équipement
Comme pour l’apnée statique, chacun a sa préférence dans le choix du masque, des lunettes ou du pince-nez, mais la vision joue cette fois un rôle puisqu’un nageur a besoin de se repérer pour armer son virage. Monopièce ou salopette, la combinaison doit satisfaire à deux critères : adhérer comme une seconde peau et procurer la meilleure glisse possible.
Côté propulsion, la monopalme s’est imposée en raison de son rendement supérieur à celui des bi-palmes. Il n’empêche que les apnéistes qui pratiquent sans ambition notable préfèrent s’en tenir aux bi-palmes pour mieux restituer les bienfaits de l’entrainement dans leurs plongées en extérieur. Si les polymères restent présents en entrée de gamme, le haut de gamme allie souvent fibre et carbone pour une nervosité optimale sans trop de rigidité.
Et pour le lest, le plomb de cou est une solution efficace pour laisser chacun ajuster le lestage en fonction de son volume pulmonaire, afin de maintenir une ligne bien horizontale pendant l’effort.
La nage en dynamique
Dans le détail, la nage en monopalme se distingue totalement de la nage en stéréo. Mais de nombreux points sont communs aux deux styles, dont la nécessité de savoir gérer son tempo pour aboutir au meilleur rendement. Stéphane Mifsud, alors déjà recordman du monde en statique, avait ainsi établi un en 2001 un nouveau record du monde dynamique en démontrant que nager le plus lentement et avec le moins d’effort possible était plus efficace pour multiplier les longueurs de bassin. De fait, lorsque l’on observe aujourd’hui un apnéiste en dynamique, on assiste soit à une nage minimaliste continue, soit à une alternance d’impulsions et de laisser-glisser (« kick & glide »).
La nage est lente, la tête bien alignée, menton vers le torse pour éviter les tensions dans la nuque. À l’approche du mur, un bras se tend pour amorcer le virage, mais là aussi, les techniques varient : sans palmes et sur 25 mètres, le mur permet d’exploiter une impulsion et de glisser sur plusieurs mètres avant le premier mouvement de nage. En monopalme et sur 50 mètres, le virage le plus efficace se fait une main au mur, une main au sol, et consiste en un simple virage sans contact, directement suivi du premier mouvement de nage. Pour oublier la notion de temps, rien de mieux que de focaliser sur le bien-être, l’économie et la finesse du mouvement : c’est lorsque l’on atteint cette glisse sans effort apparent, que l’on découvre l’une des plus belles sensations que l’apnée puisse procurer.
L’entrainement
La dynamique ajoute la gestion de l’effort à la difficulté de retenir son souffle. Hors de l’eau, tout entrainement visant les muscles concernés par les différentes disciplines aura un effet bénéfique, pour autant que la masse musculaire (consommatrice d’oxygène) ne prenne trop de volume. De même, tout programme cardio régulier favorise la métabolisation de l’oxygène et habitue le corps à moins en consommer durant l’effort.
En piscine, une logique monotone nous amènerait à parcourir un grand nombre de longueurs le plus souvent possible. En réalité, les progrès sont beaucoup plus intéressants si l’on alterne statique et nage, par exemple :
30 secondes en statique
25 mètres en dynamique
30 secondes en statique
2 minutes de ventilation
Un travail similaire peut être effectué pour développer la tolérance lactique et réduire les crampes, en produisant un effort maximal pour atteindre l’autre côté le plus vite possible, par exemple :
20 secondes en statique
25 mètres à 80 % d’un effort maximum
20 secondes en statique
2 minutes de ventilation
En variant ces valeurs suivant le but recherché et le niveau de pratique, avec un entrainement régulier en cardio et des étirements adaptés, un programme de 4 à 6 semaines entrecoupé de tentatives maximales est un excellent outil pour une progression saine et efficace. Utilisez la vidéo pour revoir vos longueurs et analyser vos erreurs, typiquement des jambes trop pliées, un corps cambré, des gestes mal synchronisés, etc. Et toujours sans oublier la règle numéro un qui nous dit de ne jamais pratiquer seul : durant les apnées dynamiques, l’apnéiste de sécurité suit au tuba celui qui nage sous l’eau, il peut le remonter en cas de syncope, et tient en permanence à sa disposition une bouée sur laquelle prendre appui au retour en surface !
Texte et photos : Phil Simha